Published On:samedi 26 avril 2014
Posted by vuthy
Le temple du Baphuon
Le temple du Baphuon
Ce
temple-montagne imposant marquait le centre de la capitale de Sūryavarman Ier
(1002 –
1050) et fut
achevé par son fils Udayādityavarman II. Ce sanctuaire d’état dépassait en
splendeur tous
ceux édifiés par les monarques précédents. Ce grand temple sivaïte, au
milieu du XI
e siècle le
souverain Udayādityavarman II avait fait installer un linga d’or, a été
transformé sans
doute au XVIe siècle par la construction d’un grand Bouddha couché
occupant la
façade ouest du second étage. L’approvisionnement du chantier, sans doute l’un
des derniers de
cette ampleur à Angkor, a été réalisé en transformant les structures du
temple sivaïte
des origines en une énorme carrière à pied-d’oeuvre.
Dès 1908, Jean
Commaille entreprit les dégagements initiaux du monument et les premiers
travaux. En 1943,
un gigantesque effondrement de la face nord emporte en une nuit le quart
de la surface de
la pyramide. Les parements de grès étaient trop minces et trop hauts pour
contenir les
masses de sable de l’intérieur de la pyramide.
Un démontage
systématique fut entrepris par Bernard Philippe Groslier à partir de 1960.
Arrêté en 1971 en
raison de la guerre et de troubles civils, le chantier ne reprit qu’en février
1995, selon les
voeux des autorités du gouvernement royal du Cambodge et par la volonté
conjointe de
l’EFEO, du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture du
gouvernement
français. Les modalités ne furent pas simples : la documentation scientifique
et technique
accumulée durant la première phase du chantier avait été pillée et détruite
dans les locaux
de l’EFEO en avril 1975, de sorte que le temple était devenu un gigantesque
puzzle en trois
dimensions apparemment insoluble. Durant ces longues années
d’interruption,
la végétation avait regagné les parties les plus instables du monument,
entraînant un
énorme éboulement des deuxième et troisième étages sur le quart nord-ouest
du temple.
À l’issue de
longs mois passés à identifier les pierres qui jonchaient les abords du temple
sur
quelque dix
hectares de forêt et à tenter de retrouver l’unique moyen de réorganiser ce
gigantesque
puzzle, les équipes spécialement formées sur le site pour conduire ce projet
ont
réussi à redonner
son lustre d’antan à cet édifice hors normes.
Cette
restauration ambitieuse et exemplaire s’achève. L’utilisation de voiles de
soutènement
en béton armé
s’est avérée la solution la mieux adaptée pour répondre aux problèmes
d’instabilité
posés par l’ouvrage ; enfin, un équilibre historique a été défini dans le cadre
d’un parti
architectural qui privilégie la restitution des différentes séquences
d’occupation et
leurs
conséquences sur la morphologie du monument d’origine, le temple sivaïte du XIe
siècle.
Les portes
(gopura) restaurées du deuxième étage, les seuls édifices véritablement
épargnés
par la refonte
bouddhique du XVIe siècle, présentent également un grand intérêt. Les
basreliefs
qui ornent leurs
façades extérieures, témoignage sans doute le plus ancien de ce
procédé
ornemental à Angkor, ont pu retrouver leur place et permettent de révéler au
public les
premiers essais d’une technique narrative qui se développera en adoptant des
échelles surprenantes à Angkor
Vat, au Bayon et à Banteay Chmar.